23 avril 1918
Source ID: 55
« Comment Richthofen est tombé (d’après un correspondant spécial)
Le capitaine von Richthofen, aviateur allemand, a été tué alors qu’il tentait de détruire nos défenses aériennes dans la région de l’Ancre afin de permettre aux avions de reconnaissance ennemis de passer et de franchir la ligne. Un document saisi dimanche, jour de sa mort, révèle la raison de sa présence. Il s’agit d’une communication du « commandant du groupe d’aviation » au « premier escadron de poursuite » (dont Richthofen était le commandant), disant : « Il n’est pas possible de survoler l’Ancre en direction de l’ouest en raison de la forte opposition ennemie. Je demande que ce barrage aérien soit repoussé afin qu’une reconnaissance puisse être effectuée jusqu’à la ligne Marceux-Puchevilliers (à dix miles derrière le front). » Le « Cirque » de Richthofen est apparu au-dessus de nos lignes entre la Somme et l’Ancre, non loin de Corbie, vers onze heures dimanche matin. Je ne suis pas en mesure de donner tous les détails de la bataille, mais il semble que les avions allemands aux couleurs vives – ils étaient entre 25 et 30 – aient repéré deux appareils britanniques et aient tenté leur tactique habituelle d’encerclement afin que Richthofen, dans son triplan Fokker cramoisi, puisse fondre au moment crucial et porter le coup fatal. Ses partisans étaient entraînés à « rabattre » les aviateurs britanniques de cette manière et, grâce à leur supériorité numérique, à coincer un ou deux appareils dans un angle étroit dont il était difficile de s’échapper. La situation critique de ces deux avions britanniques a été remarquée par plusieurs autres appareils, qui se sont précipités à leur secours.
Un « combat aérien »
Un engagement général avec la majeure partie des forces de Richthofen était du type décrit par nos experts en aviation comme un « combat aérien ». Il commença par sections, car les appareils allemands volaient à différentes altitudes et les avions adverses virevoltaient et plongeaient à une vitesse vertigineuse, manœuvrant pour trouver des occasions d’utiliser leurs mitrailleuses. Richthofen continua à poursuivre l’un des avions britanniques aperçus en premier, tandis qu’un autre avion britannique s’efforçait de se mettre en position de tir sur le Fokker rouge. Le trio s’éloigna progressivement de la bataille principale jusqu’à se trouver à plus de deux miles de distance. Soudain, alors que Richthofen se trouvait à environ 50 mètres de la ligne britannique, son appareil vacilla et tomba comme une pierre. À ce moment-là, il était pris pour cible par les batteries antiaériennes, les avions britanniques qui le poursuivaient et les fusils et mitrailleuses Lewis de l’infanterie qui observait le combat
avec un intérêt haletant. Le Fokker fut mis en pièces par l’impact, mais Richthofen resta dans son siège, mort.
Récupération du corps
Le combat fut observé par les observateurs d’artillerie allemands, et les canons ennemis mirent immédiatement en place un barrage intense autour de l’avion accidenté, peut-être dans l’intention de tenter de récupérer le corps après la tombée de la nuit. Certains de nos hommes rampèrent hors de la tranchée au péril de leur vie et constatèrent que Richthofen avait été tué sur le coup. Ils attachèrent une corde autour du corps et le tirèrent dans une tranchée. Le bombardement se poursuivit et les restes du Fokker ne purent être récupérés que plusieurs heures plus tard. Richthofen avait été touché à la poitrine, la balle entrant par le côté gauche et ressortant par le côté droit, et il avait une blessure au visage, apparemment causée par la chute. C’était un jeune homme rasé de près, beau, âgé de moins de trente ans, aux cheveux clairs et à la tête bien formée. Il portait une combinaison de vol Sidcot, mais pas d’uniforme, et dans ses poches se trouvaient plusieurs documents, dont un certificat de pilote attestant de ses quatre-vingts victoires aériennes, ainsi qu’une montre en or avec son blason et ses initiales. Le triplan M. 2009 était équipé de nouveaux moteurs La Rhote fabriqués un mois auparavant à l’usine aéronautique d’Oberursel, près de Francfort, et de deux mitrailleuses Spandau synchronisées pour tirer à travers les hélices. L’appareil était léger, mais extrêmement puissant. »
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