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Traverser la frontière

Event ID: 92

03 août 1914

Kriegsausbruch
51.76304092288865, 18.090313043251054
Near Kielcze, near Kalisch?
Kalisz
Kalisch

Source ID: 4

Der rote Kampfflieger von Rittmeister Manfred Freiherrn von Richthofen, 1917, 351.000 - 400.000, Verlag Ullstein & Co, Berlin-Wien

Le mot « guerre » nous était certes familier, à nous les cavaliers frontaliers. Chacun savait exactement ce qu’il devait faire et ne pas faire. Mais personne n’avait une idée précise de ce qui allait se passer dans un premier temps. Chaque soldat actif était heureux de pouvoir enfin montrer sa personnalité et son savoir-faire. Nous, les jeunes lieutenants de cavalerie, on nous avait confié l’activité la plus intéressante : reconnaître, arriver à l’arrière de l’ennemi, détruire des installations importantes ; autant de tâches qui demandaient un gars entier. Ma mission en poche, dont je m’étais convaincu de l’importance par de longues études depuis un an, je chevauchai pour la première fois à la tête de ma patrouille, à minuit, contre l’ennemi.La frontière était formée par une rivière, et je pouvais m’attendre à y recevoir mon premier feu. J’étais très étonné de pouvoir passer le pont sans incident. Le lendemain matin, sans autre événement, nous avons atteint le clocher du village de Kielcze, que je connaissais bien pour avoir traversé la frontière. Tout s’était déroulé sans que je remarque la présence d’un adversaire, ou plutôt sans que je sois moi-même remarqué. Comment faire pour que les villageois ne me remarquent pas ? Ma première idée fut de mettre le pope sous les verrous. Nous avons donc fait sortir l’homme de sa maison, complètement surpris et stupéfait. Je l’ai d’abord enfermé dans le clocher de l’église, j’ai enlevé l’échelle et je l’ai laissé s’asseoir en haut. Je lui ai assuré que si le moindre comportement hostile de la population se manifestait, il serait immédiatement un enfant de la mort. Un garde faisait le guet depuis la tour et surveillait les alentours. Je devais envoyer des rapports quotidiens par des cavaliers de patrouille. C’est ainsi que ma petite troupe de cavaliers d’annonce s’est rapidement dissoute, si bien que j’ai finalement dû me charger moi-même de la dernière tournée d’annonce en tant que porteur. Tout était resté calme jusqu’à la cinquième nuit. Au cours de celle-ci, le poste est soudain venu me rejoindre au clocher de l’église – car j’avais placé mes chevaux à proximité – et m’a crié : « Les Cosaques sont là ! Il faisait nuit noire, un peu de pluie, pas d’étoiles. On ne voyait pas la main devant les yeux. Nous avons fait passer les chevaux par une brèche creusée par précaution dans le mur du cimetière et les avons conduits dans le champ. Là, en raison de l’obscurité, nous étions en sécurité après cinquante mètres. Moi-même, je me dirigeai avec le poste, la carabine à la main, vers l’endroit désigné où les Cosaques devaient se trouver. Je me suis glissé le long du mur du cimetière et j’ai atteint la rue. Là, je me suis senti un peu différent, car toute la sortie du village grouillait de Cosaques. Je regardai par-dessus le mur derrière lequel les gars avaient leurs chevaux. La plupart d’entre eux avaient des lanternes aveuglantes et se comportaient de manière très imprudente et bruyante. J’estimais qu’ils étaient entre vingt et trente. L’un d’eux avait purgé sa peine et était allé voir le popiste que j’avais libéré la veille. Trahison, bien sûr, me suis-je dit. Il fallait donc redoubler de vigilance. Je ne pouvais plus m’engager dans un combat, car je n’avais pas plus de deux carabines à disposition. J’ai donc joué aux gendarmes et aux voleurs. Après quelques heures de repos, les visiteurs sont repartis à cheval. Le lendemain matin, je préférais tout de même changer un peu de quartier. Le septième jour, j’étais de retour dans ma garnison et tous les gens me regardaient comme si j’étais un fantôme. Ce n’était pas à cause de mon visage mal rasé, mais plutôt parce que le bruit s’était répandu que Wedel et moi étions tombés à Kalisch. On connaissait si bien le lieu, l’heure et les circonstances que la rumeur s’était déjà répandue dans toute la Silésie. Même ma mère avait déjà reçu des visites de condoléances. Il ne manquait plus que l’avis de décès dans le journal. Une drôle d’histoire s’est produite à la même époque. Un vétérinaire pour chevaux avait reçu l’ordre de réquisitionner des chevaux dans une ferme avec dix ulans. Elle se trouvait un peu à l’écart, à environ trois kilomètres. Il revint tout excité de sa mission et fit lui-même le récit suivant : « Je traverse un champ de chaume sur lequel se trouvent des poupées, puis j’aperçois soudain de l’infanterie ennemie à quelque distance. Je sors alors mon sabre et crie à mes ulans : « Lance abattue, à l’attaque, marche, marche, hourra ! Les gens s’en amusent, une course effrénée commence à travers les chaumes. Mais l’infanterie ennemie se révèle être une meute de chevreuils que ma myopie m’a fait méconnaître ». Longtemps encore, le valeureux monsieur a souffert de son attaque ».

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