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Victoire 01

Event ID: 128

17 septembre 1916

50.09638140760369, 3.1538937453647593
Near Villers Plouich
Villers Plouich

Source ID: 4

Der rote Kampfflieger von Rittmeister Manfred Freiherrn von Richthofen, 1917, 351.000 - 400.000, Verlag Ullstein & Co, Berlin-Wien

« Nous étions tous sur le champ de tir et l’un après l’autre, nous tirions avec notre mitrailleuse, de la manière qui nous semblait la plus appropriée. La veille, nous avions reçu nos nouveaux appareils et le lendemain matin, Boelcke voulait voler avec nous. Nous étions tous des débutants, aucun d’entre nous n’avait encore eu de succès. Ce que Boelcke nous disait était donc un évangile pour nous. Ces derniers jours, il avait déjà abattu, selon son expression, au moins un, parfois deux Anglais au petit-déjeuner. Le lendemain matin, le 17 septembre, fut une journée magnifique. On pouvait s’attendre à une activité aérienne intense de la part des Anglais. Avant de monter, Boelcke nous donna encore quelques instructions précises et, pour la première fois, nous volâmes en escadrille sous la direction de l’illustre homme auquel nous nous fîmes aveuglément confiance. Nous venions d’arriver sur le front lorsque nous reconnûmes déjà au-dessus de nos lignes, aux points d’explosion de nos canons antiballons, une escadrille ennemie qui volait en direction de Cambrai. Boelcke fut bien sûr le premier à le voir, car il voyait plus que les autres hommes. Nous avons bientôt compris la situation et chacun s’est efforcé de rester derrière Boelcke. Nous étions tous conscients que nous devions passer notre première épreuve sous le regard de notre chef vénéré. Nous nous approchions lentement de l’escadron, mais il ne pouvait plus nous échapper. Nous étions entre le front et l’ennemi. S’il voulait reculer, il devait nous dépasser. Nous comptions déjà les avions ennemis et constatâmes qu’ils étaient sept. Nous, nous n’en avions que cinq. Tous les Anglais pilotaient de gros bombardiers biplaces. Il ne restait plus que quelques secondes avant le départ. Boelcke s’était déjà sacrément rapproché du premier, mais il ne tirait pas encore. J’étais le deuxième, avec mes camarades à côté de moi. L’Anglais qui volait le plus près de moi était un grand bateau à la peinture sombre. Je n’ai pas réfléchi longtemps et je l’ai pris pour cible. Il tira, je tirai, je passai à côté, lui aussi. Un combat s’engagea, dans lequel il s’agissait en tout cas pour moi d’arriver derrière le gars, car je ne pouvais tirer que dans ma direction de vol. Il n’en avait pas besoin, car sa mitrailleuse mobile s’étendait de tous les côtés. Mais il ne semblait pas être un débutant, car il savait très bien que sa dernière heure était arrivée au moment où je parviendrais à passer derrière lui. A l’époque, je n’étais pas encore convaincu qu’il devait tomber, comme je le suis maintenant, mais j’étais plutôt curieux de savoir s’il allait tomber, et c’est une différence essentielle. Si le premier, ou même le deuxième ou le troisième, tombe, alors la lumière se fait : « C’est comme ça qu’il faut faire ». Donc mon Anglais tournait, tournait, croisant souvent ma gerbe. Je ne pensais pas qu’il y avait d’autres Anglais dans l’escadrille qui pouvaient venir au secours de leur camarade en difficulté. Je ne pensais qu’à une chose : « Il doit tomber, que vienne ce qu’il voudra ! Voilà, enfin un moment favorable. L’adversaire m’a apparemment perdu et vole droit. En une fraction de seconde, je suis sur sa nuque avec ma bonne machine. Une courte série de ma mitrailleuse. J’étais si proche que j’avais peur de le percuter. Soudain, j’ai failli pousser un cri de joie, car l’hélice de l’adversaire a cessé de tourner. Hourra ! J’ai été touché ! Le moteur était détruit et l’ennemi devait atterrir chez nous, car il était impossible d’atteindre ses lignes. Je remarquai aussi, aux mouvements chancelants de l’appareil, que quelque chose n’allait plus très bien avec le guide. Même l’observateur n’était plus visible, sa mitrailleuse dépassait en l’air sans être utilisée. Je l’avais donc touché et il devait être à terre dans sa carrosserie. L’Anglais a atterri quelque part juste à côté de l’aéroport d’une escadrille que je connaissais. J’étais tellement excité que je ne pouvais pas m’empêcher d’atterrir, et je me suis posé dans cet aéroport que je ne connaissais pas, où, presque dans mon enthousiasme, j’ai encore retourné ma machine. Les deux avions, celui de l’Anglais et le mien, n’étaient pas très éloignés l’un de l’autre. J’y courus aussitôt et vis déjà une foule de soldats se précipiter vers l’adversaire. Une fois sur place, j’ai constaté que mon hypothèse était correcte. Le moteur était criblé de balles et les deux occupants étaient grièvement blessés. L’observateur est mort sur le coup, le guide pendant le transport vers l’hôpital militaire tout proche. J’ai posé une pierre sur la belle tombe de mon adversaire tombé avec honneur. Lorsque je suis rentré à la maison, Boelcke et ses camarades prenaient déjà leur petit-déjeuner et se demandaient où j’étais resté si longtemps. C’est avec fierté que j’ai annoncé pour la première fois : « Un Anglais abattu ». Tout de suite, tout le monde se réjouit, car je n’étais pas le seul ; à part Boelcke qui, comme d’habitude, avait eu sa victoire au petit-déjeuner, chacun d’entre nous, les débutants, était resté pour la première fois vainqueur en combat aérien. Je tiens à faire remarquer que depuis, aucune escadrille anglaise n’a osé aller jusqu’à Cambrai tant qu’il y avait une escadrille de chasse Boelcke ».

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